A tous ceux, qui comme moi, voudraient croire qu’un geste sera fait pour manifester en faveur du Tibet, des dissidents et pour le respect des droits de l’homme dans toutes les régions du monde y compris ici en Europe, je recopie un texte extrait du livre : « Ecrire contre l’oubli » publié pour les 30 ans d’Amnesty international .
A la page 80, adressée à Li Peng, Premier ministre, République Populaire de Chine.
Il faisait beau.
C’était le printemps, place Tien An Men, à Pékin.
Et Wang Xizhe, du fond de sa cellule,
rêvait.
ENFIN LA DEMOCRATIE !
C’était le printemps,
La Chine chantait, place de la Porte
de la Paix céleste…
LE REVE BRISE.
Des hommes casqués, des hommes armés
face à leurs frères.
Les uns chantaient.
Les autres tiraient…
C’était le printemps
Pace Tien An Men.
Et Wang Xizhe, du fond de sa cellule,
ne rêvait plus…
L’hiver de nouveau…
L’hiver depuis longtemps.
ET POUR LONGTEMPS.
Wang Xizhe est toujours en prison.
Pour délit d’opinion.
La prison pour quelques mots.
Il les avait écrits en 68.
Prison, un an.
Il les avait récrits en 74.
Prison, deux ans.
Il avait récidivé en 81.
Verdict, quatorze ans.
WANG XIZHE EST ENFERME DEPUIS 81
pour avoir osé écrire le mot « liberté ».
Sa femme…, il ne peut la voir que deux
fois par an, pendant quarante-cinq minutes,
en présence
d’un gardien.
SON ENFANT…IL LE CONNAIT A PEINE.
WANG XIZHE A ESPERE UN JOUR DE printemps 89.
Il devait nous entendre alors du fond de
sa cellule.
Il n’entend plus que le silence.
Le nôtre.
Nous étions tous, pourtant, en 89 des
Wang Xizhe.
Ce printemps… c’était le nôtre.
Nous étions prêts à mourir pour Pékin.
Et nous vivons. Fort bien.
Quand au printemps!
Les saisons passent.
Comme les images, fugaces.
L’homme révolté, debout devant
le char…superbe scène. On la diffuse, on
rediffuse.
Et on s’enflamme. Bon pour l’audience.
PUIS ON OUBLIE!
L’homme humilié, à genoux devant son
bourreau…Scène pathétique. On la
diffuse.
On rediffuse.
Et on proteste. Bon pour l’audience.
Puis on oublie.
L’homme enfermé. A double tour…
Pas de caméra. Donc pas d’image.
Donc pas d’audience.
Noublions pas.
Il s’appelle WANG XIZHE.
Depuis cette époque, rien n’a vraiment changé. N’oublions pas.
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