ARTE – 23h55 – mardi 30/6 téléfilm de B. Malaterre avec Birgit Ludwig, Cyrille Descours, Jacques Bondoux,
Entre documentaire et fiction, Bernard Malaterre s’empare d’un épisode méconnu de l’histoire de la culture européenne : le compagnonnage tourmenté du jeune poète Rilke et du sculpteur Rodin, artiste déjà consacré, dans le Paris de 1900.
1902. Le couple du jeune poète Rainer Maria Rilke, 27 ans, et de la sculptrice Clara Westhoff, bat de l’aile. Sur les conseils de sa jeune femme, rencontrée et épousée après sa liaison malheureuse avec Lou Andreas-Salomé, Rilke a décidé de quitter Düsseldorf pour Paris. Il souhaite entrer dans l’intimité d’Auguste Rodin pour lui consacrer une monographie, mais aussi pour nourrir son art d’écrivain, voulant, dit-il, malaxer les mots comme le maître travaille l’argile. Celui qu’il nomme un « dieu puissant », et qui, à la soixantaine, est au sommet de sa gloire, le reçoit froidement dans son atelier. Rodin est une figure formidable de ce Paris du début du XXe siècle, et dans son entourage se croisent Marcel Proust, Stefan Zweig, Bernard Shaw ou encore Isadora Duncan, « la danseuse aux pieds nus ». Trois ans après leur première rencontre, Rilke se voit proposer par le sculpteur un poste de secrétaire particulier et emménage dans sa résidence de Meudon. Une proximité que Rodin ne tolérera pas longtemps…
Une relation tourmentée
Entre documentaire et fiction, Bernard Malaterre explore la relation tourmentée et méconnue qui se noua, l’espace de quelques années, entre ces deux personnalités majeures de la culture européenne. Mais c’est le point de vue de l’écrivain qu’il privilégie, en se basant sur les écrits de Rilke, notamment sur sa correspondance – avec Rodin, bien sûr, mais aussi avec d’autres, puisque les Lettres à un jeune poète sont fréquemment citées. On entre ainsi dans l’intimité d’un « couple » dominant/dominé : l’artiste consacré, agacé par la fragilité de son jeune disciple, mais découvrant peu à peu son immense talent ; l’écrivain fasciné qui se laisse humilier sans rébellion. En arrière-plan, grâce à des images d’archives et de sobres reconstitutions, le réalisateur ressuscite la fièvre de ce Paris du début du XXe siècle, où une élite intellectuelle et artistique internationale est en train d’inventer la modernité. Et comme les mots du poète nous accompagnent, les esquisses du maître sculpteur se mêlent aux images des lieux qui virent naître la rencontre (l’atelier de Rodin à Paris, sa résidence de Meudon, la cathédrale de Chartres, une chambre d’hôtel où vécut Rilke).
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