Par Philippe Sage
C’est extraordinaire, non ? Pensez ! Il y a à peine un petit mois, il était question d’enlisement. D’une guerre qu’allait probablement durer. Bref, ça sentait fort le bourbier, le merdier au carré. Et puis, oh surprise, en l’espace d’une semaine, voilà que Tripoli tombe. Recta. Il ne reste plus qu’à débusquer Kadhafi, comme autrefois Saddam Hussein, l’estourbir et l’affaire sera pliée. Mais quel fantastique retournement de situation, n’est-ce pas ?
Le problème c’est qu’on a quand même du mal à y croire, à ce scénario. Tant ça ressemble, comme deux gouttes d’eau – ou de pétrole, plutôt – à un blockbuster que n’aurait certainement pas renié cet infâme tâcheron qu’est Roland Emmerich. Déjà, faudrait nous expliquer comment ces « rebelles » que des militaires chevronnés, à qui on ne la fait pas, qualifièrent récemment de pathétiques, quand ce n’était pas d’incompétents, ont pu, en si peu de temps, devenir des guerriers redoutables, disciplinés, affutés, au point de faire plier les hommes du colonel Kadhafi. Je rappelle, au passage, que ces hommes-là sont tout, sauf des rigolos. Pas le genre à tirer en l’air comme des crétins devant des caméras de télévision… Et d’ailleurs, à ce propos, quelqu’un a-t-il vu, dans nos divers, et si peu variés, écrans de télévision, un seul combattant de Kadhafi ? C’est fou, non ? Pas même un prisonnier. Et pourtant, il se murmure qu’il y en aurait…
En revanche, des « rebelles« , ça, on nous en montre, et à la pelle. Nonobstant, c’était peut-être pas une bonne idée, car à les voir, le doute empire, dans nos esprits. Certes, nous ne sommes pas des benêts, on sait ce qu’elles valent, ces images dites de guerre. On a déjà donné. Avec celles du Golfe. Et tant d’autres. Faut pas s’y fier. Ça flirte même pas avec « propagande », ça l’épouse. Et sous toutes les coutures. Enfin tout de même ! Des types vociférant sur des pick-up qui viennent à bout d’une armée, fût-elle composée – en partie – de mercenaires, une armée équipée sport en tanks et missiles sol-air, ça vous paraît pas curieux ? Oh bien sûr, l’OTAN, via les airs, a fait le job, pilonnant à tout-va. Avec quelques dommages collatéraux, pour le moins fâcheux quand on a pour seule mission de protéger les populations civiles. Et je vous passe certaines gâteries prodiguées par nos « insurgés« . Il est bon, je crois, de se remémorer la résolution 1973. Oui, il est bon de rire parfois.
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