Une fuite de documents raconte comment la banque Crédit Suisse a hébergé l’argent du crime. Ces révélations choquent-elles encore ?
En lisant le titre de l’enquête internationale «#SuisseSecrets : comment le Crédit Suisse a hébergé l’argent du crime », difficile de ne pas jouer la surprise cynique. Une banque suisse qui aurait accepté d’ouvrir des comptes pour l’argent du crime et de la corruption pendant des années ? Protégée par le secret bancaire ? Quelle nouvelle surprenante…
Difficile de ne pas se dire que #SuisseSecrets est juste une fuite de document de plus qui prouve, encore une fois, à quel point les banques s’assoient volontiers sur le devoir de vigilance lorsqu’il s’agit de faire de l’argent. Pourtant, la fuite de document est massive : 18 000 comptes bancaires logés au Crédit Suisse, épluchés par plus de 160 journalistes de 48 médias sous coordination de l’OCCRP (Organized Crime and Corruption Reporting Project).
On y apprend que plusieurs individus poursuivis pour violation des droits de l’humain ont pu loger leurs avoir sans problème au sein de la banque suisse, qu’une série de hauts fonctionnaires de Tunisie, d’Égypte, de Libye et du Yémen ont pu exfiltrer d’importantes sommes d’argent lors du Printemps arabe. Que la banque hébergeait les comptes d’entreprises faisant l’objet de sanctions internationales ou encore qu’elle ouvrait des comptes pour individus participant à des réseaux mafieux. Ces client·e·s n’auraient jamais du être autorisé·e·s à effectuer des opérations avec le Crédit Suisse. Ce n’est pas rien.
Et pourtant, en apprenant tout cela, aucune surprise. Cette fuite massive de documents est juste une preuve que les banques ont toujours agit dans un but de maximisation des profits sans égard au droit international. D’ancien·ne·s employé·e·s interrogé·e·s dans le cadre de l’enquête rapportent une pratique appelée « new net money » qui consiste à calculer le bonus d’un·e banquier·ère en fonction du montant net apporté à la banque. Il faut donc faire rentrer plus d’argent qu’il n’en sort pour l’avoir et, au passage, fermer les yeux sur la provenance des fonds.
Cela a de quoi choquer. Et pourtant, lorsqu’on lit les révélations de #SuisseSecrets, plus rien ne surprend. Cette fuite de documents n’a même pas fait la une des journaux télévisés ou fait l’objet de réactions politiques. Nous serions-nous trop habitué·e·s au comportement indécent des institutions bancaires ?
(Source : Financité)
Étiquettes : #SuisseSecrets, argent sale, banque, Crédit Suisse, droit international, profits, secret bancaire
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