Déclarations d’utilité publique et d’intérêt national, terres rachetées, maisons rasées… Autour de Bure, l’emprise de Cigéo est de plus en plus palpable. Les opposants promettent de se défendre « jusqu’au bout » contre les expulsions.
« En attendant, il est permis de penser qu’il y a quelque indécence à célébrer ainsi une découverte, qui se met d’abord au service de la plus formidable rage de destruction dont l’homme ait fait preuve depuis des siècles. Que dans un monde livré à tous les déchirements de la violence, incapable d’aucun contrôle, indifférent à la justice et au simple bonheur des hommes, la science se consacre au meurtre organisé, personne sans doute, à moins d’idéalisme impénitent, ne songera à s’en étonne » (Albert Camus – http://pm22100.net/docs/pdf/textes/121105_CAMUS_APRES_HIROSHIMA_NAGASAKI.pdf )
Tinne Van der Straeten lance un débat national sur l’avenir de nos déchets nucléaires. Vu la durée du processus, la décision finale ne sera pas prise avant avril 2024. Les élections fédérales ayant lieu cette année-là, c’est donc le prochain gouvernement qui devrait trancher cette question délicate.
Constat de l’Autorité de sûreté : corrosion dans les usines de retraitement, trop-plein de plutonium et « manque d’anticipation » des pouvoirs publics.
Lors de son entrée en fonction, Agnès Pannier-Runacher, nouvelle ministre en charge de la transition énergétique, a annoncé la couleur : « Notre ambition est également sans commune mesure pour notre filière nucléaire. Il nous faut optimiser notre parc existant, tout en lançant un grand programme de construction de six nouveaux réacteurs. Car face à l’urgence climatique, nous devons le dire sans détour, le nucléaire c’est une chance pour notre pays. C’est une chance pour l’Europe. Et tous ceux qui disent le contraire sont des apprentis sorciers qui mettent en danger notre futur ».
Depuis l’annonce de problèmes de corrosion sur certains réacteurs, EDF affirme avoir été prise au dépourvu par ce phénomène présenté comme « inédit ». Il a en réalité déjà touché à plusieurs reprises l’entreprise française depuis 40 ans.
Par Gaspard d’Allens, Emilie Massemin, Mathieu Génon
État « miné de l’intérieur », « trahison » du PS… Bernard Laponche a passé presque toute sa vie à lutter contre l’atome. Pilier des antinucléaires, il raconte aujourd’hui les coulisses de cette filière.
Bernard Laponche (84 ans) est un ingénieur polytechnicien, physicien de formation. Ancien ingénieur nucléaire au Commissariat à l’énergie atomique (CEA) et conseiller de la ministre de l’Environnement Dominique Voynet, il est désormais consultant international dans les domaines de l’énergie et de l’efficacité énergétique et membre des associations Global Chance et Énergie partagée. Il est depuis les années 1970 un pilier des luttes antinucléaires en France.
La relance du nucléaire fait partie des projets d’Emmanuel Macron. Dans les centrales, les travailleurs témoignent d’un recours à la sous-traitance qui ne cesse d’augmenter, de collectifs de travail abîmés et d’une sûreté fragilisée.
Un réacteur de Cattenom fissuré, le Luxembourg s’inquiète.
Un de plus. Un huitième réacteur nucléaire d’EDF, celui de Cattenom 3 (Moselle), présenterait des fissures au niveau des soudures de son circuit d’injection de sûreté – une pièce très importante en cas d’accident, puisqu’elle permet d’asperger en urgence le cœur en surchauffe d’eau borée pour éviter la fusion du combustible et un accident type Tchernobyl ou Fukushima.