Etes-vous prêt à baisser votre salaire pour sauver votre entreprise ?
Êtes-vous prêts à baisser votre salaire pour sauver votre entreprise ?”. Drôle de question que se mettent à nous poser nos grands médias, à commencer par les “Grandes gueules” de RMC qui le demandaient le 2 juin dernier. Pourquoi nous demander une chose pareille ? Parce que plusieurs entreprises commencent à la soumettre à leurs salariés, pour affronter la terrible crise sanitaire qui ravage le pays… on connaît la chanson, puisque nous avions déjà pu bénéficier d’une répétition générale en 2008. C’est ainsi que Derichebourg Aeronautics Services, l’un des plus gros sous-traitants d’Airbus, ou encore la compagnie aérienne Ryanair, ont demandé à leurs syndicats de bien vouloir signer un “accord de performance collective”.
Cela fait longtemps que le patron de la FEB (Fédération des entreprises de Belgique) rêve d’un Pacte social. Un rêve qui date d’avant la crise du Covid-19. Il n’est pas le seul. Pour le patron du MR, « il est temps de conclure un nouveau contrat social », déclarait-il récemment à Sud Presse. Au niveau syndical également, certains demandent un Pacte social. Ce qui a provoqué une vive polémique au sommet de la FGTB. Mais de quoi serait fait ce Pacte ?
Dans un rapport publié mercredi, les Amis de la Terre et l’Observatoire des multinationales montrent comment, à l’occasion de la crise sanitaire, les lobbies de l’industrie ont lancé une grande offensive auprès des pouvoirs publics. L’enjeu : capter l’argent public des plans de sortie de crise, et verrouiller le « monde d’après ».
Les organisations patronales du pays sortent leur « plan de relance ». Mais « relance » de quoi ? Du libéralisme, de l’attaque des droits des travailleurs ? Alors que la crise montre qu’il est temps de remettre en question les vieilles recettes libérales, le grand patronat préconise de les… resservir. En plus corsées…
Les grands patrons veulent nous priver de vacances cet été. C’est révoltant, d’autant que les travailleurs ont plus que besoin de congés. Le Voka, l’organisation patronale flamande, veut aussi pousser pour augmenter les heures supplémentaires et favoriser le travail de nuit, avec en plus encore des réductions de cotisations à la sécurité sociale. « Le patronat voit le coronavirus comme un micro-ondes qui sert à réchauffer des vieilles mauvaises idées », a dénoncé cet après-midi le président du PTB, Peter Mertens. Les députés de droite se sont empressés de courir à la rescousse des grands patrons…
En dépit des déclarations socialisantes d’un Macron plus hypocrite que jamais, le néolibéralisme, touché mais pas coulé, est déjà repassé à l’offensive. Quelles nouvelles formes prendra-t-il ? Peut-on espérer infléchir l’histoire ? Trois chercheurs critiques font leur pronostic.
La direction de Derichebourg Aéronautics Services laisse le choix à ses salariés : un PSE ou…un PSE ! En effet, s’ils n’acceptent pas un accord visant à casser leurs acquis, la direction met en place un PSE visant 700 salariés dés juin. S’ils l’acceptent, le PSE est… maintenu, mais repoussé à septembre avec possibilité qu’il touche moins de salarié. Un chantage pour faire payer la crise aux travailleurs.
Carte blanche proposée par la Centrale Générale FGTB
En 1966, la Belgique connut durant 12 semaines une grève inédite qui laissa une empreinte indélébile dans le champs économique et social belge : la grève des ouvrières de la Fabrique Nationale à Herstal.