Alors que le monde se confine, des centaines de milliers d’exilé·es sont toujours pris au piège en Libye, où la guerre s’est intensifiée en avril. Pour fuir cet enfer, les traversées se poursuivent en Méditerranée centrale. Mais Malte et l’Italie ont fermé leurs ports sous prétexte sanitaire, et les secours restent à quai.
Plusieurs associations, des organisations syndicales et politiques se sont succédé jeudi, dans quatre lieux de Bruxelles, pour lire une liste de 36.570 personnes décédées en essayant de rejoindre l’Europe.
Actuellement, le traitement médiatique et politique de la migration déshumanise, rend invisible les visages et les vies des personnes qui ont quitté leur pays. Parmi ces invisibles, près d’une moitié de femmes. En 2017, 46 % des migrant.es arrivé.es sur le territoire belge étaient des femmes. Les femmes migrantes constituent un public particulièrement vulnérable tant sur les routes de l’exil que dans le cadre des procédures d’asile, d’accueil et de séjour en Belgique. Elles rencontrent des problèmes spécifiques qui les empêchent de bénéficier de certains droits fondamentaux (se soigner, se loger, se protéger, etc.), droits pourtant garantis par des textes internationaux. Lorsqu’elles se retrouvent sans aucune possibilité de régulariser leur situation en Belgique, elles tombent dans la clandestinité et sont condamnées à l’invisibilité.
Quels que soient les termes employés pour désigner les candidats à l’asile, la sémantique est toujours restée sous l’influence de la politique pour définir les conditions de leur accueil et, surtout, de leur sélection.
Alors que les associations sont « consultées » sur les questions d’asile et de migrations ce 21 décembre 2017 après-midi par le Premier ministre, La Cimade a choisi d’interpeller le Président de la République sur l’une de ses promesses.
Une nouvelle loi en préparation va encore davantage durcir la possibilité de trouver l’asile en France. La répression et les humiliations que le gouvernement infligent aux migrants font écho aux discriminations que continuent de subir nombre de citoyens français au prétexte de leurs origines. Un mal qui continue de s’étendre aux plus hautes sphères de la société.
Contrairement aux allégations du Front national, qui évoque « la submersion migratoire dont notre pays est victime », l’Hexagone fait partie des pays où les chances d’obtenir l’asile sont les plus faibles [1]. En 2015, la France a rejeté 67 % des demandes, contre 47 % en moyenne en Europe. Elle est le 25ème pays, sur 32, en taux d’octroi, alors qu’elle n’a reçu qu’une faible proportion (5,6 %) de l’ensemble des demandes de protection. En 2015, sur 24,5 millions de personnes contraintes à fuir leur pays à travers le monde, 1,26 millions ont déposé une demande d’asile en Europe, dont 74 468 en France [2].
Vous avez 29 ans, une épouse, deux enfants et un métier. Vous avez assez d’argent, vous pouvez vous offrir quelques jolies choses, et vous vivez dans une petite maison dans la ville. Mais soudain la situation politique dans votre pays change et quelques mois plus tard des soldats stationnent devant votre maison. Et devant les maisons de vos voisins. Ils disent que si vous ne vous battez pas pour eux, ils vont vous tirer dessus. Votre voisin refuse. Un tir. C’est tout.
Demander l’asile en Europe signifiera-t-il demain être renvoyé dans une dictature, un pays en guerre ou emprisonné pendant des années aux marges du continent ? C’est bien la nouvelle politique « d’asile » qui se prépare. Les demandeurs d’asile qui ne croupiront pas dans un centre de détention risquent de ne pas échapper au « processus de Khartoum » : la Commission européenne négocie avec des régimes pourtant infréquentables, pour qu’ils gardent « leurs » migrants, quitte à financer ces dictatures… et à perpétuer ainsi le flux de réfugiés qui tentent de fuir ceux qui les persécutent.
Avec la fermeture de la route des Balkans, migrants et réfugiés se retrouvent bloqués en terre hellène. Un réseau s’est organisé pour les soutenir face à l’inertie du système d’asile. Reportage entre Athènes et Idomeni.