De Michel Baglin
Nous n’avons rien à opposer aux tristes effigies de la mode,
aux accrocs des chiffons griffées à fleur de peau,
victimes des slogans mais fières de l’être
et si contentes à leurs filles de transmettre
l’arrière-goûts délicieux des futilités…..
Rien, sinon la beauté offerte, un souffle de vent,
l’arbre pour saluer de toutes ses branches
un ciel échevelé, des cieux changeants…
Nous n’avons rien à opposer aux arrogants de l’asphalte
dont l’angoisse ravalée crisse sous les pneus,
qui s’excitent à talonner leur libido fuyante
et s’épuisent à jouer de l’accélérateur
pour tenter au volant de prendre leur pied…
Rien, sinon l’orage, la course du vent,
l’arbre pour brasser de toutes ses branches
le grand tourment des cieux sauvages…
Nous n’avons rien à opposer aux étals où le désir se laisse prendre
où l’homme se réduit au chaland,
où les besoins fabriqués veulent qu’on consomme
d’autant plus qu’on achète avec le superflu
le désert intérieur et son propre néant.
Rien, sinon la gratuité, une cajolerie du vent,
l’arbre qui chante de toutes ses branches
les cieux offerts à l’incommensurable présent.
Nous n’avons rien à opposer aux achetant à crédit notre temps,
nos rues, nos villes, nos vies, nos pays,
et même le monde et même l’air qu’on respire,
tirant des traites à tout-va sur le vide,
aliénant le virtuel, monnayant le vivant.
Rien, sinon la joie, une sérénade du vent,
l’arbre qui célèbre de toutes ses branches
les cieux donnés sans compter.
Mais qui peut dire si à nous sauver
le ciel suffira vraiment ?
(Michel Baglin – Consommation