C’est un extrait d’une excellente tribune de Luc Semal, maître de conférences en science politique, publiée au lendemain du premier tour de l’élection présidentielle dans Le Monde.
« Depuis cinquante ans, la simple idée qu’il puisse exister des limites écologiques à la croissance et à l’expansion est restée dissonante, minoritaire dans l’opinion publique, et carrément hérétique parmi les décideurs. L’idée de décroissance y est au mieux ignorée, au pire utilisée comme une invective facile pour disqualifier l’ensemble des écologistes comme autant de fous inconséquents. Le rejet est si fort que, même parmi les partisans de la décroissance, beaucoup préfèrent s’autocensurer (…) Pour l’écologie politique, le principal enseignement de l’élection de 2022 est la confirmation que la question des limites à la croissance reste un immense impensé politique, consciencieusement confiné hors du champ du pensable par une écrasante majorité des décideurs. Quelques brèches apparaissent parfois ici ou là, mais sans durablement faire émerger un projet politique en rupture avec la croissance et son monde. Il revient à l’écologie politique la tâche ingrate de s’interroger à nouveau sur sa raison d’être (…) Elle pourrait être porteuse d’un projet assumé de réduction massive des surconsommations des plus riches, de protection des plus vulnérables, de partage des richesses et de répartition équitable des efforts de sobriété, dans le cadre d’une décroissance en urgence des flux de matière et d’énergie – d’où moins de voitures, moins d’avions, moins d’équipements… »
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