Une opinion de Sébastien Clerbois, Professeur d’archéologie et d’histoire de l’art à l’ULB.
Oui, il faut ouvrir la discussion sur la décolonisation de l’espace public, mais il faut le faire avec méthode et d’autant plus de rigueur si on souhaite croiser les regards.
À Orléans, la municipalité a annoncé en octobre 2021 débuter une expérimentation consistant à équiper quatre caméras de vidéosurveillance de micros détecteurs de sons « anormaux », en partenariat avec l’entreprise Sensivic. Ces mouchards avaient pourtant été déclarés illégaux par la CNIL lorsque la ville de Saint-Étienne avait tenté d’en installer il y a deux ans.
d’adulte peut se résumer à voiture-école-maison (avec un éventuel passage par la plaine de jeux clôturée) pour la plupart de nos enfants.
En 100 ans,
la distance parcourue par un enfant seul a fondu comme le Groenland sous le regard des ours polaires. De 10 km pour un enfant de 8 ans en 1919 à moins de 300 mètres pour un enfant du même âge en 2007. Dans la même veine, le nombre d’enfants qui jouent dans l’espace public a diminué de 50% entre 1983 et 2008. Une étude menée en 2019 chez nos voisins Hollandais montre même que 15% des enfants ne jouent jamais dehors.
Depuis plusieurs années, les hélicoptères de la gendarmerie sont régulièrement déployés pour des missions de surveillance de l’espace public, et ce en toute illégalité. Dotés d’un matériel d’abord développé dans un contexte militaire, la police se vante de leur capacité d’espionnage bien supérieure à celles des drones : caméras thermiques avec zoom ultra-puissant, suivi automatisé des suspects, transmission en temps-réel des images à des postes de commandement…
Leur usage n’a pourtant jamais été sanctionné – ni par le juge ni par la Cnil. Le gouvernement veut maintenant les légaliser dans la PPL « Sécurité Globale » – dont les débats ont repris début mars au Sénat.
C’est quoi, un espace public ? Pour le pouvoir c’est un lieu à gentrifier, privatiser, fliquer. Pour nous, habitant.e.s des quartiers, précaires, sans-abris, squatteurs, artistes de rue, manifestant.e.s, c’est un lieu de vie. Nous avons donné la parole à ces invisibles, afin de voir ce que nous avons perdu –et ce qu’il nous faut reprendre. Parce qu’on peut vivre ensemble. Sans répression.
Trois ou quatre agrès posés là, des sols qui amortissent les chutes, un peu de couleur pour égayer l’ensemble et des barrières pour contenir le tout. En ville, les aires de jeux n’envoient pas franchement du rêve. Ces rares espaces bien délimités sont davantage construits pour rassurer les parents qu’amuser les enfants. Thierry Paquot, philosophe, a entre autres, coordonné La Ville récréative – Enfants joueurs et écoles buissonnières [1]. En mobilisant l’histoire, il réfléchit à une ville faite pour et avec eux. Entretien.
Une opinion de Jean-Sébastien Philippart, titulaire d’un DEA en philosophie et agrégé (UCLouvain), chercheur indépendant, contributeur, entre autres, aux revues MondesFrancophones.com et Implications-philosophiques.org.
Onfray m’agaçait. Son hypermédiatisation bien sûr. Ses avis à propos de tout, émis à la façon d’une trancheuse de charcutier. La gêne qu’occasionnent les frasques de celui avec qui, en quelque sorte, vous partagez le « métier »… Mais il y avait autre chose.
Les députés wallons et bruxellois Ecolo signent à plusieurs une carte blanche sur la notion de l’espace public, espace de liberté, accessible à tous.
Les semaines qui viennent de s’écouler nous rappellent que la politique est une affaire de corps vivants, parfois vulnérables. C’est pour préserver nos santés que nous avons accepté d’être confinés. Restreignant notre liberté de marcher, de sortir, d’embrasser, de voyager, le confinement nous rappelle toutefois que nos libertés revêtent d’abord une dimension physique. Un rapport à l’espace, au logement, aux places, aux parcs, à la nature. Le déconfinement doit nous faire reconquérir ces libertés, mais aussi nous interroger sur les facteurs qui la menacent déjà en temps normal.