{à propos de l’accord sur la Grèce du 21 juin 2018}
« Quatre mots, quatre mensonges» notait, à propos de l’Union des Républiques Socialistes Soviétiques, le philosophe Cornélius Castoriadis, co-fondateur du groupe «Socialisme ou Barbarie», dans la ligne de la critique du stalinisme initiée par Boris Souvarine. On pourrait en dire autant des termes qui balisent la communication de crise des institutions européennes. Produits par les équipes de travail de l’Eurogroupe ou de la Commission, ces éléments de langage sont repris tels quels par les éditoriaux des plus grands médias français [1] et appuient une forme de propagande par le mot.
Après l’annonce dans la nuit de Vendredi d’un référendum en Grèce, le Monde a réagi ce samedi soir, dénonçant « l’irrésponsabilité » du gouvernement Tsipras, de manière à peine voilée.
La volonté de l’Eurogroupe de se débarrasser du ministre grec des Finances ne repose pas sur un « style », mais bien plutôt sur des divergences plus profondes.
Les Grecs scrutent leurs journaux, comme ils scrutent autant le ciel improbable. Ils reprennent goût à la politique… et finalement dégout, par la dernière géopolitique de la dite Europe. Le pays négocie, son calendrier politique lequel redevient à peu de choses près, celui des rencontres de type… européen. Le suspens trouve alors son paroxysme… d’Eurogroupe en Eurogroupe. “Ce n’est pas une vie”, se disent à ce propos deux hommes, devant les quotidiens que le kiosque du coin suspend sur le premier grillage.
La BCE tient toujours la corde autour de notre cou », a déclaré le Premier ministre grec Alexis Tsipras. Dès mercredi, des experts techniques de l’Union européenne se rendront à Athènes afin d’y « accompagner » les réformes. Il est temps de passer aux « actes », a expliqué Jeroen Dijsselbloem, le président de l’eurogroupe (les groupes des ministres des Finances de la zone euro). Sinon, la Grèce ne recevra pas l’aide de transition promise en février. Derrière ces mots se cache un agenda manifestement antidémocratique.
Ce qui fuite dans la presse du plan de réformes grec est instructif. Il s’agit manifestement pour le gouvernement Syriza/Grecs indépendants de s’attaquer à la Nomenklatura grecque, la caste économique et politique dirigeante dont la Troïka s’est bien gardé d’attaquer les exorbitants privilèges, pendant que Juncker organisait l’évasion fiscale vers le Luxembourg.
Les commentaires sur l’accord entre la Grèce et l’Eurogroupe ont transformé la défaite provisoire de Syriza en déroute définitive. Il faudra pourtant plusieurs mois pour savoir si c’est vraiment le cas.
Un accord a été conclu à l’Eurogroupe vendredi soir. Donc… satisfaction. Durant les premières minutes de sa conférence (en grec), Yanis Varoufákis perdait un peu ses… mots, “c’est de la fatigue”, a-t-il expliqué depuis Bruxelles. “La Grèce tourne la page”, affirme depuis, dans un communiqué officiel le gouvernement grec. La page est certes tournée, le chapitre est hésitant… et le livre ne change pas. Pour le moment paraît-il.
Une petite neige avait couvert l’Acropole jeudi matin. “Temps de Bruxelles et temps de Berlin” plaisantaient alors les Athéniens à l’heure du premier café. Le soleil étant de retour vendredi 20 février, les négociations lors de la réunion de l’Eurogroupe Bruxelles se poursuivront et… le froid persiste. Les dernières déclarations de l’Allemagne officielle, colériques et irrationnelles, prouvent – à mon avis – l’urgence à venir: défaire l’UE et ainsi… offrir à l’Allemagne sa juste place à la géopolitique du monde actuel. Et cela même, indépendamment des résultats “grecs” à court ou à moyen terme.
Le PTB réagit à l’ultimatum imposé au gouvernement grec par les partisans de la ligne dure de l’eurogroupe. « L’eurogroupe exige que la Grèce poursuive sans faillir le prétendu plan de redressement. Mais ce plan est une partie du problème, non de la solution », réagit Peter Mertens, président du PTB . « Ici, l’ancien monde se heurte au nouveau monde. Ce lundi, nous n’avons pas été témoins de l’échec de la Grèce, mais de l’échec de l’eurogroupe. »