La journaliste Anne-Marie Impe a publié dans Le Soir du 21/11/2022 une excellente enquête sur la contention dans les maisons de repos / et de soins (MR/MRS)
Malheureusement, le titre que donne Le Soir à cette enquête est plus que malencontreux : « Maisons de repos et de soins : la contention, un mal nécessaire ?», – même si le point d’interrogation vise à atténuer la violence du propos. Car la contention, c’est-à-dire la contrainte physique ou médicamenteuse exercée sur des personnes en position de faiblesse (que ce soit physique, psychologique ou psychique), est un véritable mal. Et l’argument de la « nécessité » ne sert très souvent qu’à justifier de véritables abus. C’est d’ailleurs ce que montre et démontre tout l’article de Mme Impe.
« Ainsi, en Wallonie, 43,5 % des résidents en MR/MRS sont placés sous contention physique la nuit, et 16,4 %, de jour comme de nuit (données de 2019). Et ces chiffres n’incluent pas les enfermements en chambre ni encore moins les cas de contention chimique. »
« Des abus qui attentent à la dignité et aux droits humains »
Ce mardi 6 décembre, Saint-Nicolas était à la place de l’Albertine avec le Gang des Vieux en Colère et avec des centaines et des centaines de manifestants.
« O grand Saint-Nicolas, patron des usagers,
‘Faut des guichets humains pour tous nos potes âgés,
Nous n’ s’rons plus jamais sages comme des petits moutons,
Nous crierons not’ colère dans toute la Région.
Venez venez Saint-Nicolas etc. »
La Belgique a signé en 2005 le Protocole facultatif de la Convention des Nations Unies contre la Torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants (OPCAT).
Elle s’est alors engagée à le ratifier, ce qui n’a toujours pas été fait à ce jour.
En juillet 2018, un projet de loi portant assentiment à l’OPCAT a été adopté mais en octobre 2022, cette loi dûment votée par le Parlement n’a toujours pas été publiée au Moniteur belge.
Il est hélas représentatif de la situation de tant et tant de pensionnés et de travailleurs modestes, de familles monoparentales et de jeunes en galère…
Un accord partiel sur les pensions a été conclu le 19 juillet 2022 au sein du gouvernement de la Vivaldi dirigé par Alexander De Croo.
Restrictions à l’accès à la pension minimale
L’accord porte principalement sur les conditions d’accès à la pension minimale légale à partir de 2024.
L’annonce a été faite que – tenant compte de la perte du pouvoir d’achat depuis 2019 – la pension minimale pour une personne isolée sera égale à partir de 2024 à 1.630 euros nets par mois pour une carrière s’étendant sur une période de 45 années de travail effectif. Une personne ayant, par exemple, une carrière effective de 30 années aura une pension de 1.630 x 30/45 = 1.087 euros nets par mois.
Cependant, « les futurs pensionnés doivent avoir travaillé au minimum 20 ans pour avoir droit à une pension minimum »[1].
Et surtout, les conditions d’accès pour obtenir un tel montant seront sensiblement plus restrictives qu’aujourd’hui.
Il y a une trentaine d’années, la lecture de l’étude de Simone de Beauvoir sur «La Vieillesse» m’avait profondément marqué. Elle y racontait sobrement comment, inexorablement, notre univers rétrécit avec le grand âge, aussi bien socialement que physiquement, parce que le monde du travail s’éloigne, parce que les amis meurent, parce que tous nos sens s’usent progressivement. On entend moins bien, on voit moins bien, on se déplace moins souvent, moins loin, et avec plus de difficultés. A soixante-huit ans, j’entre dans ce «troisième âge» que les plus chanceux d’entre nous espèrent pourtant vivre comme une «chance» : délivrés de la contrainte du travail, en relative bonne santé, nous réorientons nos vies vers des activités choisies, du repos, des loisirs ou de l’entraide – pour peu que nous ayons évidemment les moyens matériels de subvenir à nos besoins essentiels ou futiles (ce qui n’est pas, loin de là, le cas de tout le monde). Mais nous savons tous que derrière, il y aura souvent aussi ce «quatrième âge», où nous deviendrons peu à peu dépendants des autres pour assurer nos actes les plus quotidiens : nous déplacer, nous laver, nous habiller, nous nourrir. Or si, dans les sociétés agricoles traditionnelles, les «vieux» restaient généralement associés à la vie des fermes, des familles et des villages, il n’en va plus du tout de même dans les sociétés urbaines et industrialisées. Il faut bien les «parquer» quelque part. Cette réalité sociologique a engendré un véritable nouveau «marché», celui des homes et des EHPAD, où la vieillesse est avant tout considérée sous l’angle de sa seule «rentabilité». De restrictions budgétaires en compressions du personnel, ces institutions s’éloignent ainsi souvent de leur supposé statut de «villégiature médicalisée», celui qui est annoncé par leurs noms bucoliques, champêtres, sanctifiés et fleuris, pour basculer dans un univers de plus en plus inhumain et carcéral. Contre cette maltraitance institutionnelle, il y a visiblement là un combat générationnel à mener collectivement. Or c’est la génération de Mai ‘68, celle qui a connu les communautés, les manifs et les grandes utopies collectives, qui arrive aujourd’hui aux portes de ces eaux tourmentées. A l’image de ces combats passés, puisse-t-telle, comme le Gang des Vieux et des Vieilles en Colère, s’auto-organiser pour affirmer notre droit à vieillir dans la dignité, la solidarité… et, si possible, la gaîté ! Du début… à la fin, reprenons donc nos vies en main.
C’est le Protocole facultatif à la Convention des Nations Unies pour la prévention de la torture.
Son rôle est d’établir un système de visites régulières effectuées par des organismes internationaux et nationaux indépendants « sur les lieux où se trouvent des personnes privées de liberté, afin de prévenir la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants. »
Y compris donc les Maisons de Repos / Maisons de Repos et de Soins (MR/MRS) et tous les lieux où sont enfermées des personnes âgées et/ou désorientées.
C’était le jeudi 10 mars dernier, le Cabaret du Gang des Vieux en Colère, était accueilli par Point-Culture Bruxelles (merci à eux).
Au pupitre, nos animateurs : Mirko et Jean-Louis.
Cabaret, fête de famille, fête des vieilles et des vieux mais aussi des jeunes commis d’office, à moitié réquisitionnés mais heureux d’être là.
Plus de 100 participants, sans compter les artistes, un rendez-vous ludique et revendicatif pour briser avec deux années de pandémie et de tentatives d’étouffement social et politique, pour célébrer dignement, dans l’allégresse, les retrouvailles entre vieilles Gangstères et vieux Gangsters.
Regard acerbe sur la condition de l’âge, fête de l’humour décalé, épanchement libre de l’ironie sans sarcasme et sans rancune. A ne pas confondre avec la colère qui nous soulève face aux injustices faites aux retraités indigents et aux victimes de l’âgisme.
Ce fut aussi l’occasion d’évoquer les méfaits du Gang depuis sa création il y a à peine trois ans, retracés par la projection de 5 courtes vidéos rythmant la soirée entre les interventions en direct qui se traduisaient en sketchs et en chansons, avec le concours généreux du vétéran et toujours pertinent Claude Semal, et des jeunes rappeurs Tim et Kusek.