« Un marché de la faim » : l’aide alimentaire est devenue une véritable filière économique permettant d’écouler la surproduction de l’agro-industrie. Un business très lucratif pour la grande distribution.
« Le système actuel renvoie l’idée que les pauvres doivent se contenter de ce qui reste. Pour nous, la lutte contre le gaspillage est nécessaire, mais doit se faire à d’autres niveaux, au moment de la production par exemple. »
Sofie Merckx, députée fédérale PTB et médecin généraliste à Médecine pour le Peuple, a lu le dernier rapport du commissariat Corona et a découvert la véritable raison pour laquelle le gouvernement ne veut pas distribuer d’autotests gratuits : le gouvernement s’incline à nouveau devant le lobby de la grande distribution.
La grande distribution étend son empire sur le commerce bio, sans souci de la terre, des gaz à effet de serre, ou des travailleurs qu’elle emploie. Le commerce indépendant doit résister, alerte l’auteur de cette tribune, et sauver « l’esprit bio ». Une charte de « totale biodiversité » pourrait l’y aider.
Le nouveau label « Haute valeur environnementale » (HVE), bien moins exigeant que le label bio, bénéficie d’un soutien massif des pouvoirs publics. Des organisations dénoncent une « illusion de transition ».
Alors que beaucoup de PME et d’indépendants connaissent des difficultés, certaines grandes entreprises de l’e-commerce et de la distribution comme Amazon, Colruyt ou Carrefour voient leur chiffre d’affaires solidement augmenter avec la crise. « On ne peut pas accepter que, d’un côté, Jeff Bezos, le patron d’Amazon, augmente sa fortune de 24 milliards de dollars depuis le début de la pandémie et, de l’autre, beaucoup de petits indépendants et de PME sont en train de couler », estime Raoul Hedebouw porte-parole du PTB.
Recettes modifiées, étiquettes inchangées : la crise ne justifie pas le manque de transparence !
Dans le contexte du Covid-19, les fabricants peuvent modifier les recettes de leurs produits sans l’indiquer sur l’étiquette. On peut comprendre le besoin de flexibilité en cette période en cas de difficultés d’approvisionnement par exemple, mais foodwatch insiste sur le besoin plus que jamais de transparence sur ces dérogations car c’est d’habitude totalement illégal.
Présents dans tous les rayons, parfois en tête de gondole, vous ne pouvez pas les rater avec leurs écriteaux en gros, en gras, en rouge, sur fond jaune et en majuscule sur les emballages : les « FORMAT MAXI » ou « FORMAT FAMILIAL ». Alertés par les foodwatchers depuis quelques mois, nous avons mené l’enquête sur le prix de ces grands formats. Et alors qu’on imagine que ces aliments sont moins chers au kilo car vendus en gros, nous avons débusqué une dizaine d’exemples où c’est exactement l’inverse qui se produit : ils sont plus chers au kilo que leur format classique. En cette période de confinement propice aux achats (à toute vitesse) de denrées en « FORMAT MAXI » ou « FORMAT FAMILIAL » – parce qu’il faut bien nourrir toute la famille et faire du stock -, cette pratique est d’autant plus scandaleuse. Enquête en ligne dans les rayons des grandes chaînes de supermarchés.
Les syndicats réclament une prime et des masques pour les travailleurs que l’enseigne ne leur fournit pas. Le mouvement pourrait s’étendre à tous les Delhaize de Belgique jeudi.