Le premier tour nous enferme dans une situation désastreuse, coincés entre fascisation et fascisme. Pour autant, dans ces conditions détestables que nous n’avons pas choisies, nous sommes condamnés à prendre une décision parce qu’il sortira bien de cette élection un·e président·e : Macron ou Le Pen. L’abstention ou le vote blanc sont évidemment des options possibles, mais si une large part des électeurs·rices de gauche s’abstenaient ou votaient blanc, Marine Le Pen aurait de bonnes chances de l’emporter.
Dans un article publié en janvier 2021 nous écrivions ceci : « Confronté à une échéance électorale présidentielle impossible à gagner sur la base du bilan de son quinquennat et de la colère sociale accumulée, Macron se voit ainsi conforter dans sa stratégie d’imposition d’un choix contraint Le Pen-Macron dont la seule base idéologique possible est la nostalgie d’empire à des fins de légitimation des ingérences militaires à l’extérieur et l’islamophobie et la guerre contre « l’ennemi de l’intérieur » à des fins de détournement des colères sociales dans l’hexagone. » Les résultats du premier tour des présidentielles sont à la fois logiques et inattendus, prévisibles et surprenants, inscrits dans une invariance mais aussi marqués par des mutations profondes. Que nous révèlent ces résultats sur les contradictions qui travaillent la société française, sa classe dominante et ses classes populaires ?
« La liste des réformes ? C’est simple, prenez tout ce qui a été mis en place entre 1944 et 1952, sans exception. Elle est là. Il s’agit aujourd’hui de sortir de 1945, et de défaire méthodiquement le programme du Conseil national de la Résistance !«
« Sorbonne, Sorbonne, antifa », « Non, non, non à Le Pen ou Macron », ou « Laissez nous entrer! », scandaient les étudiants massés devant la porte d’entrée principale de l’université, place de la Sorbonne, bloquée par un cordon de CRS. Au-dessus, une large banderole accrochée à un balcon proclamait: « Jeunesse enragée ».
Les urnes ont donc décidé d’un remake de 2017, soit un 2d tour entre deux candidats qui portent le même projet, à ceci prêt, pour paraphraser Mélenchon, que l’un a le mépris de classe et l’autre le mépris de race.
Aussi, entre la droite extrême en col blanc et l’extrême droite en chemise brune, ne me demandez pas de revêtir la posture bien pensante du castor, sauveur de la démocratie.
Une internationale de l’argent a pris le pouvoir sur le monde. Sa malfaisance se révèle par la mort de la biodiversité, la maltraitance des animaux, les écarts sociaux abyssaux entre les moins de 1 % de milliardaires et tous les autres humains incluant ce qui sert de piétaille électorale à la secte libérale : hauts fonctionnaires, médecins, notaires, cadres en cours de précarisation. Pour masquer les échecs et périls générés par le système économique, la ploutocratie vicie les élections et « contrôle le temps de cerveau disponible ». Un processus d’abrutissement de masse est en place pour dissimuler la grossièreté de la manipulation.
Permettez moi de m’étonner ! De m’étonner que le vote d’un idolâtre de la secte insoumise comme moi, poutino-chavo-castriste, fanatique d’un dangereux dictateur populiste, soit tout à coup, l’objet de tant de sollicitations.
Permettez moi de m’étonner que le bulletin d’un électeur de « Melenchon = Lepen » soit subitement convoité.
FAIRE DE LA POLITIQUE, C’EST PENSER : Au lendemain d’une élection dont la campagne fut formidable et le résultat décevant, il ne faut pas « réagir » et « sur réagir » comme nous le commande les médias et les personnes bien en cour, mais il nous faut penser. Ne pas penser, c’est aller dans le sens de ceux qui nous gouvernent et nous tiennent de ce fait en laisse.