Plus aucune réalité n’échappe au monde des nombres et au contrôle des algorithmes. Même la Justice. Et cela engendre une altération de ce qui, jusqu’à présent, constituait notre humanité.
Tout a commencé par les récits, les mythes, les réflexions individuelles et collectives, avec la souveraineté de la parole et de la raison. Aujourd’hui, à l’inverse de ce que nous avons connu et aimé, tout est chiffré, mathématisé, numérisé, statistique. Plus aucune réalité n’échappe au monde des nombres et au contrôle des algorithmes. Même la Justice.
Le collectif La santé en lutte s’est créé en juin 2019, à Bruxelles, à partir d’une contestation des équipes de nettoyage des hôpitaux publics bruxellois. Les soignantes et les soignants les ont rejointes, puis la mobilisation s’est étendue à d’autres hôpitaux du pays. Lors de sa première AG, 20 revendications ont été votées en deux heures — elles feront l’objet d’un travail d’approfondissement ; aujourd’hui, le collectif est actif dans plusieurs villes : Bruxelles, Liège, Charleroi, Namur. Il appelle à une « grande manifestation pour la santé » dans la capitale belge, ce dimanche 13 septembre, pour dénoncer le sous-financement de la santé et exiger l’arrêt de la marchandisation des soins de santé. Il y a quelques jours encore, le bourgmestre « socialiste » de Bruxelles, Philippe Close, refusait de l’autoriser — la réaction du collectif a été immédiate : elle aura bien lieu, renforcée par la présence de nombreux acteurs du soin, du social, du monde militant et syndical. Nous rencontrons deux membres de la coordination nationale : Alice, infirmière ayant travaillé 13 ans en milieu hospitalier, et Leila, ergothérapeute forte de 20 ans de pratique en ambulatoire.
Et dire que certains la portent aux nues et la verrait bien future Première ministre ! » en Belgique nous sommes passés d’un taux de plus de neuf lits par 1 000 habitants à six. Cette chute s’est faite en plusieurs étapes, la dernière remonte à quatre ans, quand des milliers de lits d’hôpital ont fermé en Belgique. C’était déjà Sophie Wilmès4 qui était aux commandes : après avoir dirigé les coupes budgétaires et les attaques des services de santé, qu’elle a signé de ses propres mains, elle vient jouer la grande sauveuse. »
Le 10 avril était organisé à la Maison de la Radio un « événement exceptionnel » intitulé « C’est mon boulot, les nouvelles clés pour réussir ». Annoncée à destination des salariés, cette soirée prétendait les aider à trouver leur place au sein du « monde du travail » et à s’adapter à ses « mutations ». Des expressions remâchées qui montrent l’événement pour ce qu’il est : un relais de communication pour les entreprises, véhiculant en réalité une vision partielle et partiale du travail, présenté du seul point de vue des dirigeants et faisant la part belle aux slogans du management et de l’entrepreneuriat. Associée à l’événement, France Info poursuit ainsi le traitement qu’elle réserve à l’économie sur ses ondes [1], mais de manière plus décomplexée encore, offrant des tribunes aux grands patrons et à une membre du gouvernement. En deux mots : mépris du pluralisme et de l’indépendance éditoriale.
Chez Lidl, on ne casse pas que les prix.
Les employés aussi, on les broie, et allègrement avec ça. Karine, Omar, Lynda et les autres en ont fait l’expérience : ou quand la pression sur les salariés devient un outil de gestion des coûts.
« Un responsable alimentation est attendu à la caisse sept. »
Francine écrase sa clope mal roulée dans le cendrier brinquebalant, fixé sur le mur attenant à l’entrée de chargement. Elle remonte d’une main frissonnante les manches de son gros pull sous son uniforme. Parmi ses missions, il y a le réassort des rayons réfrigérés. Elle y a « développé une tendance au rhume permanent », comme elle le dit en rigolant.
Pour combler le déficit de la Sécurité sociale, l’Etat impose aux médecins, infirmières, aides-soignants ou directeurs de nouvelles méthodes de gestion. Mais cette pression économique menace la mission même de l’hôpital public… Une enquête du magazine « Envoyé spécial ».
Paradoxe : alors que la réforme du droit du travail sera discutée à l’Assemblée nationale dans les prochaines semaines, celle-ci ne compte aucun ouvrier parmi les élus « du peuple ». Avec les employés, ils constituent pourtant la moitié de la population active française. Le syndicalisme demeure l’un des rares espaces qui leur offre une expression et une action collective. Le sociologue Julian Mischi a suivi des militants CGT d’un atelier de la SNCF dans une localité rurale en Bourgogne. Son ouvrage Le bourg et l’atelier bat en brèche plusieurs idées reçues : celle d’un syndicalisme agonisant ou corporatiste, et celle d’un monde rural qui n’aurait d’autres choix que de se replier sur lui-même. Entretien.
Pascal, Jérémy et Marie sont respectivement informaticien à Auchan, préparateur de commandes et chargée de l’accueil du public à Chronodrive. Trois parcours croisés, trois métiers différents, mais une même peur au travail, la leur ou celle de leurs collègues. Apparaissant sous des formes les plus banales, ce sentiment devient envahissant, et finit par devenir inacceptable.