Le COVID-19 nous rappelle qu’au-delà des impératifs moraux de solidarité, la migration joue un rôle essentiel dans le fonctionnement de nos sociétés, souligne Elise Kervyn, chargée de plaidoyer pour Caritas International Belgique.
Entre 1873 et 1934, deux millions de migrants ont transité par le port d’Anvers pour rejoindre l’Amérique du Nord. Un épisode largement passé sous silence dans nos manuels d’histoire.
Avons-nous oublié
« 1,3 million de Belges, soit 20% de la population de l’époque, ont pris les routes de l’exil durant la Première Guerre mondiale. » (Anne Morelli – historienne)
La nouvelle présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a créé un début de polémique mardi en faisant un lien entre migration et « protection du mode de vie européen », nouvel intitulé du portefeuille du commissaire chargé de ce dossier ultra-sensible.
« Le concept de « migration de remplacement » correspond à la migration internationale dont un pays aurait besoin pour éviter le déclin et le vieillissement de sa population qui résultent d’un niveau bas des taux de fécondité et de mortalité ». Définition de la Division de la population du Département des affaires économiques et sociales de l’ONU.
« Personne ne quitte sa maison à moins que sa maison ne soit devenue la gueule d’un requin » observait à 24 ans la poétesse, auteure et enseignante somalienne Warsan Shire, née au Kenya et basée à Londres, dans son premier recueil Teaching My Mother How to Give Birth (« Enseigner à ma mère comment donner naissance », 2011). Il y a trois ans, les photos d’Alan Kurdi provoquaient une onde de choc : les images du petit garçon syrien de trois ans gisant face contre terre sur une plage turque attiraient l’attention mondiale sur les graves problèmes de réfugiés et de migration.
par Jérôme Duval , Ludivine Faniel , Benoit Coumont
Les migrations font partie de l’histoire de l’humanité mais les frontières n’ont jamais été aussi fermées qu’aujourd’hui. Les conventions issues des politiques migratoires actuelles ont divisé les migrants en différentes catégories (politiques, économiques, climatiques…) en fonction de la supposée légitimité ou non d’avoir accès au droit d’asile ou à séjourner sur un territoire étranger. « Le migrant économique », qui se déplace pour fuir la misère engendrée par les politiques liées au remboursement de la dette, est la catégorie qui bénéficie du moins de droits et son accès aux territoires extérieurs varie en fonction des besoins de main-d’œuvre ou des politiques de fermetures aux frontières.
« Que dit-on d’un Guinéen arrivé sur le sol européen ? Qu’il est un illégal. Et des Portugais qui migraient vers l’Amérique Latine en 2008, au plus fort de la crise économique ? Qu’ils sont des entrepreneurs. » Nicolas Van Nuffel, responsable plaidoyer du CNCD-11.11.11, résume finement les inégalités entre le Nord et le Sud en matière de migration. Elles sont nombreuses…
Par Loïca Lambert et Thomas Mitevoy, avocats au Barreau de Bruxelles
À l’heure où la Turquie viole de manière flagrante de nombreux droits fondamentaux, l’Union européenne n’en tire aucune conséquence quant au partenariat privilégié avec celle-ci concernant la gestion des flux migratoires. Elle s’en tient à une condamnation de principe à l’égard de ces violations, sans remettre en cause l’accord conclu le 18 mars 2016 avec la Turquie, prévoyant le renvoi massif de migrants vers cette dernière.