Alors que la crise mondiale des prix et de l’accès à la nourriture devient de plus en plus menaçante, plusieurs analyses tentent d’expliquer cet enjeu comme étant une conséquence de la guerre en Ukraine. S’agit-il réellement de la seule explication à cette crise ?
« De la nourriture en abondance, mais de plus en plus de gens affamés. Des prix des denrées alimentaires qui s’envolent, tandis que d’aucuns réalisent des profits faramineux. Quelques-uns qui empochent des milliards de bénéfices, tandis que des milliards de personnes peinent à joindre les deux bouts. Rien n’illustre aussi clairement l’absurdité et la cruauté de cette crise systémique que la crise alimentaire. »
De plus en plus de personnes font appel aux banques alimentaires, qui sont en manque de dons de nourriture
La Fédération belge des Banques alimentaires craint que cette hausse se poursuive, alors que les coûts de l’énergie et des denrées alimentaires augmentent. Afin de soutenir et d’encourager les dons de nourriture, les Banques Alimentaires demandent aux décideurs politiques des incitants fiscaux supplémentaires.
Les banques alimentaires ont aidé entre 175.000 et 195.000 personnes par mois en 2020, indiquent-elles mercredi.
Les banques alimentaires ont distribué au total 20.967 tonnes de nourriture sur l’année 2020, soit 42 millions de repas. Une hausse de 24% par rapport à 2019. La Fédération belge des banques alimentaires a, contrairement à ses habitudes, acheté des quantités importantes de nourriture pour répondre à la demande accrue en raison de la crise sanitaire.
Dans un vaste centre d’accueil au Soudan, des Ethiopiens ayant fui le conflit au Tigré attendent devant une école transformée en structure d’aide humanitaire afin d’obtenir de la nourriture, de l’eau ou des vêtements.
Un risque de pénurie alimentaire n’est, pour le moment, pas à craindre. Mais des dizaines de millions de personnes sont menacées de ne plus pouvoir manger à leur faim, du fait de l’absence de revenus, de protections sociales et de rupture des chaînes d’approvisionnement.
L’immolation par le feu d’un jeune homme à Lyon le 8 novembre a révélé au grand public la grande précarité dans laquelle vivent de nombreux étudiants. À l’université Rennes 2, une épicerie gratuite tenue par des bénévoles distribue de la nourriture invendue à un nombre croissant de personnes.
Et que j’aime ô saison que j’aime tes rumeurs
Les fruits tombant sans qu’on les cueille
Le vent et la forêt qui pleurent
Toutes leurs larmes en automne feuille à feuille
(Apollinaire)
Il est terrible
le petit bruit de l’oeuf dur cassé sur un comptoir d’étain
il est terrible ce bruit
quand il remue dans la mémoire de l’homme qui a faim
elle est terrible aussi la tête de l’homme
la tête de l’homme qui a faim
quand il se regarde à six heures du matin
dans la glace du grand magasin
une tête couleur de poussière
ce n’est pas sa tête pourtant qu’il regarde
dans la vitrine de chez Potin
il s’en fout de sa tête l’homme
il n’y pense pas
il songe
il imagine une autre tête
une tête de veau par exemple
avec une sauce de vinaigre
ou une tête de n’importe quoi qui se mange
et il remue doucement la mâchoire
doucement
et il grince des dents doucement
car le monde se paye sa tête
et il ne peut rien contre ce monde
et il compte sur ses doigts un deux trois
un deux trois
cela fait trois jours qu’il n’a pas mangé
et il a beau se répéter depuis trois jours
Ça ne peut pas durer
ça dure
trois jours
trois nuits
sans manger
et derrière ces vitres
ces pâtés ces bouteilles ces conserves
poissons morts protégés par les boîtes
boîtes protégées par les vitres
vitres protégées par les flics
flics protégés par la crainte
que de barricades pour six malheureuses sardines..
Un peu plus loin le bistrot
café-crème et croissants chauds
l’homme titube
et dans l’intérieur de sa tête
un brouillard de mots
un brouillard de mots
sardines à manger
oeuf dur café-crème
café arrosé rhum
café-crème
café-crème
café-crime arrosé sang !…
Un homme très estimé dans son quartier
a été égorgé en plein jour
l’assassin le vagabond lui a volé
deux francs
soit un café arrosé
zéro franc soixante-dix
deux tartines beurrées
et vingt-cinq centimes pour le pourboire du garçon.
Il est terrible
le petit bruit de l’œuf dur cassé sur un comptoir d’étain
il est terrible ce bruit
quand il remue dans la mémoire de l’homme qui a faim.
Dans son dernier livre sur le Venezuela, Daniel Kovalik, avocat et ami de longue date des peuples latino-américains de pays comme la Colombie et l’Amérique centrale, déchire le voile de la guerre de propagande : « La partie humanitaire de l’intervention n’est aujourd’hui plus qu’une feuille de vigne sur l’intention véritable et habituelle – le contrôle des ressources pétrolières d’un autre pays. » Pour en savoir plus sur les tenants et aboutissants du « Plan pour renverser le Venezuela », nous nous sommes entretenus avec M. Kovalik.
L’Office de Secours et de Travaux des Nations Unies pour les Réfugiés Palestiniens au Proche Orient (UNRWA) a exprimé lundi une véritable inquiétude, disant qu’à moins de trouver au moins 60 millions de dollars supplémentaires d’ici juin, sa capacité à fournir de la nourriture à plus d’un million de réfugiés palestiniens de Gaza sera gravement remise en question.
Alors que la lutte contre le gaspillage alimentaire est une cause à laquelle tous sont aujourd’hui sensibilisés, on ne peut que s’étonner des procédures et dysfonctionnements institutionnels qui conduisent à ce que plusieurs tonnes de nourriture non consommée puissent finir directement à la poubelle. C’est notamment le cas d’un marché en Belgique qui a décidé de jeter cette semaine des quantités astronomiques de tomates en pleine nature.