Moins connu que le nucléaire civil, le nucléaire militaire produit une quantité importante de déchets radioactifs, selon un rapport. Les risques vont croître car l’État poursuit sa politique de dissuasion nucléaire.
Au Japon, les JO viennent renforcer l’idée d’une « réhabilitation » des territoires contaminés suite à la catastrophe nucléaire de 2011 et le retour définitif des habitants. Un ouvrage, Oublier Fukushima, démonte cette mystification. Extraits.
La date est suffisamment forte pour qu’on s’en souvienne. Cette année cela fait 10 ans déjà.
10 ans déjà que le séisme et le tsunami qui a suivi ont dévasté la côte nippone.
10 ans déjà que 3 des 6 réacteurs de la centrale de Fukushima Daïchi sont entrés en fusion.
10 ans déjà que le monde ferme les yeux, comme pour oublier la catastrophe, comme pour oublier la dangerosité…
Pourtant elles et ils n’oublient pas.
Elles et ils, ce sont les habitant·es de la préfecture de Fukushima, les personnes réfugié·es dans d’autres villes ou à l’autre bout du Japon, ce sont les enfants malades, les politiques de l’époque (Naoto Kan), les victimes en procès avec l’administration ou avec TEPCO, les liquidateurs qui travaillent encore d’arrache-pied dans des conditions délétères et au péril de leurs vies en espérant nettoyer ce qui ne peut sûrement pas l’être…
Celles et ceux qui n’oublient pas, ce sont également les pro-nucléaires qui, sous couvert de pseudo-programmes humanitaires, tentent de faire accepter la vie radioactive.
Et malgré la propagande autour des Jeux Olympiques de Tokyo, destinés à laisser croire que l’accident appartient au passé, les conséquences de la catastrophe sont toujours à l’ordre du jour, avec le déversement prévu des eaux contaminées de la centrale dans le Pacifique.
Pour ce dossier spécial à l’occasion des 10 ans de l’accident, nous avons fait le choix de laisser la main à nos amis japonais. Car qui mieux qu’eux peut nous parler de ce qui se vit au cœur de la catastrophe toujours en cours ?
A l’heure du Coronavirus, le 9e anniversaire de la catastrophe nucléaire de Fukushima est passé inaperçu, tandis que le gouvernement japonais construit inlassablement l’invisibilité des conséquences sanitaires gravissimes de la contamination radioactive toujours à l’œuvre dans la région de Fukushima et au delà.
Promis, juré, pour emporter le morceau pour les Jeux Olympiques de 2020, le gouvernement japonais avait assuré que l’accident de Fukushima serait terminé à cette date.
Nous sommes en 2020, et voici ce qu’annonce maintenant le gouvernement : le retrait du combustible de la piscine du réacteur numéro 1 ne pourra pas commencer avant 2027 ou 2028. Celui du réacteur numéro 2, pas avant au mieux 2026. Celui du réacteur numéro 3 a commencé le 15 avril 2019, avec des robots, mais rencontre d’énormes difficultés.
Or ce piscines sont en équilibre au-dessus des réacteurs accidentés et ne résisteraient pas à un nouveau tremblement de terre. Les conséquences seraient alors dramatiques : chaque piscine contient plusieurs fois le combustible d’un réacteur. Un fort séisme comme celui de 2011 pourrait provoquer des émissions de radioactivité encore bien pires.
Neuf ans après l’accident, les réacteurs ne sont toujours pas totalement à l’arrêt (il faut continuer à injecter de l’eau pour les refroidir)… et une reprise des émissions radioactives est toujours possible.
TEPco et le gouvernement japonais annoncent maintenant que les opérations de démantèlement dureront encore une quarantaine d’années. Un délai que les spécialistes estiment bien optimiste.
Pour montrer au monde que le Japon a maîtrisé l’accident nucléaire de Fukushima, les autorités n’ont rien trouvé de mieux que de faire passer la flamme olympique au plus près de la centrale.
Greenpeace a fait des mesures sur le trajet début décembre 2019.
Alors que le taux de radioactivité au centre de Tokyo est de 0,04 microsieverts par heure et que la limite d’exposition est fixée par les autorités à 0,23 microsieverts par heure, l’association écologiste a mesuré des taux montant jusqu’à 71 microsieverts par heure, soit plus de 300 fois la limite !
Bienvenue aux sportif-ves du monde entier.
(Silence n°486 – février 2020)
Dans son émission « On n’est pas des pigeons » publié le mardi 22 novembre 2019, la RTBF consacre un dossier à la découverte de bûches de bois de chauffage radioactives vendues dans un brico de la région liégeoise. Les bois, en provenance de Russie, transiteraient par la Pologne pour approvisionner une centrale d’achats située en Belgique. Ensuite, les bois sont « dispatchés » dans les différents magasins de la chaîne pour être proposés à la vente. Des tests ont été réalisés : ils sont positifs. Les bois sont radioactifs.
Le prochains JO se dérouleront au Japon à l’été 2020. La région de Fukushima accueillera même quelques épreuves. La chercheuse Cécile Asanuma-Brice est retournée sur la zone interdite qui ne l’est désormais plus. Toutes les traces visibles du désastre ont disparu : les compteurs mesurant le taux de radioactivité ont été retirés, malgré la poursuite de la contamination détectée jusqu’en Alaska ; les villes sont successivement rouvertes à l’habitat ; les déchets de terre contaminée et stockés dans des sacs plastique sont éparpillés sur le territoire… « Je suis revenu parce que je veux mourir chez moi, mais j’ai demandé à mes enfants de ne jamais revenir ici », témoigne un habitant. Récit d’une zone encore fantôme.
Les belles étendues de sable, comme les digues des plages du Tohoku, ont été balayées puissamment par le tsunami subi par le Japon en mars 2011. Après de longues années consacrées à la reconstruction, les efforts viennent d’être récompensés. Le paysage est métamorphosé. La plage de Haragamaobama à Soma, dans la préfecture de Fukushima, qui rassemblait habituellement entre trente et cinquante mille plaisanciers chaque année en été, a été officiellement rouverte au public la semaine dernière.
Une opinion de plus de 40 scientifiques, intellectuels, ingénieurs et artistes.
Il est temps que le monde politique assume ses erreurs et mette fin à l’industrie nucléaire. Celle-ci est non seulement illégitime, mais elle constitue de plus une menace extrême pour notre avenir.