« Autoportrait de l’autre ».

Palestiniens et Juifs au-delà des clichés.

Clichés et idées préconçues sont les choses les mieux partagées à propos de la Palestine et du peuple palestinien. A l’occasion du festival Masarat, le réalisateur belge Gérard Preszow se confronte à ceux-ci dans un film boulversant intitulé Autoportrait de l’autre.

Le titre lui-même peut se comprendre de deux manières. D’une part, le film contient de nombreux extraits d’entretiens durant lesquels artistes et intellectuels palestiniens brossent petit à petit une sorte d’autoportrait de la Palestine. D’autre part, à travers le regard et les paroles de ces mêmes interlocuteurs, Gérard Preszow fait face à un miroir dans lequel il cherche à mieux se connaître, jusque dans ses plus douloureuses contradictions.

Durant plusieurs mois, à Bruxelles et en Palestine, il a filmé en toute discrétion, sans jamais se cacher mais sans s’imposer non plus. Travaillant avec une  caméra professionnelle de très petite dimension, il se fond dans le paysage et obtient un résultat que ne pourrait jamais obtenir une équipe traditionnelle.

Dans Bruxelles, à Jérusalem, dans la campagne palestinienne, dans un bus arrêté à un check point, il passe sans problème pour un touriste en goguette recueillant des images souvenirs. Durant ses entretiens, il est seul face à son interlocuteur, conversant avec celui-ci sans lâcher sa minuscule caméra.

Le résultat est formidable d’intelligence, de sensibilité, de pudeur, de douleur. A la fois incroyablement courageux et bourré d’impressions contradictoires. Dès le départ, il s’agit d’affronter les clichés.

Ceux que nous avons à propos des Palestiniens (« hommes en colère, mère en pleurs, jeune jetant des pierres » comme le résume un des intervenants) mais aussi ceux que les Palestiniens peuvent avoir à propos d’un cinéaste juif allant à leur rencontre. Ces échanges, parfois tendus, révèlent toute l’étendue de l’incompréhension mais aussi de la proximité des destins, des souffrances, des espoirs.

Vers la fin du film, l’écrivaine Suad Amiry s’enflamme face à la caméra. Sa gorge se noue tandis qu’elle s’indigne de l’injustice faite à son peuple. Puis, soudain, elle s’arrête, sourit magnifiquement, des larmes plein les yeux et lâche dans un souffle : »Voilà, maintenant, on pleure tous les deux… ».

Avec une infinie sensibilité, Gérard Preszow bouscule ainsi toutes nos certitudes et invite à une indispensable réflexion sur la condition humaine.

(Jean-Marie Wynants – Le Soir 27/10/2008)

Autoportrait de l’autre sera diffusé dans le cadre de l’émission spéciale Masarat de Quai des Belges, sur ARTE Belgique, mercredi 29/10 à 23h et le 2 novembre à 22h45 sur La Deux.

Étiquettes : , , , , ,

2 Réponses to “« Autoportrait de l’autre ».”

  1. Fabien Says:

    Selon Télé Moustique, c’est à 23h10 :
    http://www.telemoustique.be/tm/programme_tele_detail.html?progid=40551418320081029ARTE.001

    Quand à Arte Belgique, son existence est assurée jusqu’à 2012 pour le moment.

  2. raannemari Says:

    Merci pour la précision horaire.
    2012, c’est toujours ça.

Laisser un commentaire