La Deux – 22h45 – mardi 7/10 – Noms de dieux Edmond Blattchen reçoit Leila Shahid.
Celle qu’Edmond Blattchen présente avec justesse comme « l’ambassadrice sans titre d’un Etat sans Etat » y explique son parcours politique qui débuta à 27 ans avec le massacre du camp de réfugiés de Tal el-Zaatar à Beyrouth en 1976, un événement qui la décide à abandonner sa thèse d’anthropologie à Paris.
Cette « fille de l’exil » née au pays du Cèdre attendra quarante-quatre ans avant de pouvoir, grâce aux accords d’Oslo, fouler du pied la Palestine et surtout la ville de Jérusalem, dont ses parents lui avaient tant parlé.
Avant cela elle avait fait la connaissance de celui qu’elle évoque avec ferveur comme « mon frère, mon mentor, mon camarade d’itinéraire », Mahmoud Darwich, « le poète de l’espoir », qui devait parrainer le festival artistique Masarat. Mais Darwich n’est plus, le grand artiste palestinien n’a pas survécu, il y a deux mois, à une opération au coeur.
A l’image du néologisme inventé par feu la grand auteur palestinien Emile Habibi à qui l’histoire donna un passeport israélien, Leila Shahid se veut « peptimiste », un subtil mélande de pessimisme et d’optimisme. Voilà aussi sans doute pourquoi elle ponctue souvent ses jugements pa un « Inch Allah » vibrant : « Si Dieu le veut, explique_t_elle, c’est l’expression d’un doute, celui que je cultive; la certitude est l’apanage des imbéciles ».
Jeudi, la seconde chaîne de la RTBF proposera une autre introduction à Masarat, déclinée en trois temps, en trois reportages réalisés en Palestine. Cherbi Kharroubi, Patrick de Lamalle, Agnès Lejeune et Jacques Dochamps ont en effet sillonné les routes de Cisjordanie pour en ramener divers témoignages.
Celui de Majeda Nabhan, par exemple, ne manquera pas de frapper : voilà une jeune Palestinienne revenue d’Amérique pour construire son pays. Du moins l’espérait-elle. Car la réalité des choses, celle d’une intifada palestinienne et de sa répression par l’occupant israélien, ne lui laissera plus que l’occasion de colmater les brèches d’une société en voie de déliquescence.
Mais Majeda est une battante : nommée responsable sur place de la coopération belge en Palestine, la voilà qui remue ciel et terre pour faire démarrer, avancer et aboutir les projets. Malgré les routes coupées, les villages isolés, les couvre-feux imposés, les maisons rasées. Et malgré le Mur, obstacle liberticide massif qui traverse les reportages telle l’obsession d’un peuple prisonnier. Le cas de la ville de Qalqilya, encerclée par Mur et colonies, se révèle à cet égard poignant.
Certains ne manqueront pas de maugréer que le terrorisme palestinien explique les chaînes israéliennes. Mais ces chaînes aussi, spolient d’avantage de terres, arrachent des oliviers centenaires, dérobent l’avenir d’une jeunesse. Comme le dit une artiste : « Notre existence est une question sur cette terre ».
(Baudouin Loos – Le Soir 7/10/2008)
http://www.youtube.com/watch?v=n3fnlpqQtv0
https://rannemarie.wordpress.com/2008/09/18/masarat-itineraire-palestine/