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Créer un groupe de paroles entre hommes ?

janvier 29, 2013

domination
Heureuse coïncidence, suite à l’article de Rosaelle http://spartakiste.blogspot.be/2013/01/allo-papa-bobo.html, je découvre dans la revue Silence n°409 de février , reçue ce matin un petit article sur le sujet dans la rubrique Le féminisme….au masculin.

Je le recopie ci-dessous :

par Léo Sauvage

Cette chronique a surtout pointé les efforts individuels pour modifier ses pratiques quotidiennes dans un sens moins sexiste. Mais comme dans beaucoup d’autres domaines, le seul effort individuel et isolé, s’il est nécessaire, s’avère insuffisant pour faire évoluer les rapports de force sociaux.

Depuis le début des années 70, la pratique des groupes de paroles d’hommes existe. L’idée semble à priori séduisante : n’est-on pas plus intelligents, plus pertinents à plusieurs ?
Pour des hommes partageant un engegement anti-sexiste, il s’agit d’échanger leurs expériences et leurs analyses dans un objectif de sortie du patriarcat.

De la même manière que des femmes échangent entre elles dans un cadre privilégié de confiance, de compréhension, sans jugements extérieurs, leurs expériences de l’oppression patriarcale vécue, de la même manière des hommes pourront échanger entre eux sur leur vécu…

Mais le terrain est glissant, et par un singulier retournement, un certain nombre de groupes de paroles d’hommes des années 70-80 ont donné naissance au « masculinisme », courant de pensée qui dénonce l’oppression des hommes par les femmes dans la société !

Ils ont échangé leurs vécus en tant qu »opprimés eux aussi » par les normes du patriarcat (qui leur interdit de pleurer par exemple) tout en négligeant d’analyser leur vécu en tant qu’oppresseurs, en tant qu’acteurs de ce patriarcat, et en sont venus à se considérer essentiellement comme des victimes de ce système. Ils ont perdu de vue la domination masculine dont ils sont les bénéficiaires au quotidien.

Selon François Dupuis
-Déri (1), une telle évolution (ou régression) n’est pas surprenante : placez quelques membres d’une classe dominante ensemble, il y a risque réel qu’ils se solidarisent et se confortent les uns les autres dans leurs complaintes au sujet de « leurs femmes qui contesteraient leurs privilèges et leur domination ».

J’ai rencontré un groupe anti-sexiste masculin (2) qui maintient une perspective anti-patriarcale. Selon moi, cela vient du fait que ce groupe participe à un collectif mixte plus large, qui alterne les réunions mixtes et non-mixtes. Le groupe s’est doté d’une charte rédigée par les femmes qui détermine des limites claires, du type « pas d’échanges sur les oppressions vécues par les hommes sans les replacer de le cadre de l’oppression globale des hommes sur les femmes et de la responsabilité des hommes dans celle-ci ».
Par ailleurs les hommes rendent compte sommairement de leurs échanges lors des réunions mixtes et cela peut donner lieu à des recadrages.
Un tel cadre permet d’éviter de se jeter trop rapidement dans les bras d’un doux aveuglement qui substitue la plainte et la victimisation des hommes à leur responsabilisation.

(1) « Hommes anarchistes face au féminisme », Réfractions n°24
(2) Contact : jcetsonvelo@gmail.com

A propos du masculinisme : http://www.ladominationmasculine.net

« Le mouvement masculiniste au Québec. L’antiféminisme démasqué », Mélissa Blais et François Dupuis-Déri, Les Editions du remue-ménage, 2008.

L’internationale masculiniste : pistes de réflexions », Francis Dupuis-Déri dans Chronique Féministe n° 106, juillet/décembre 2010.

http://lgbti.un-e.org/spip.php?article103